Pacifier. Le jour indifférent s'étirait
et rien ne semblait pouvoir
troubler sa paix.
L'idée lui demanda comment il faisait
pour rester ainsi paisible
au milieu de la fureur guerrière
qui agite le cours des jours.
Il répondit que la paix,
comme la joie, est sans contraire.
Les hommes ne peuvent connaître la paix
parce qu'ils ne vivent qu'avec des contraires
qu'ils croient bien faits.
Ils opposent le jour et la nuit
en ignorant le passage vibré des modulations
que jouent les moments saisonniers du jour.
Ils ne trouvent le plaisir
que dans l'absence de douleur
et la liberté des loisirs
que dans l'arrêt du travail.
De même, font-ils de la paix
le contraire bien fait de la guerre.
La paix sans les armes serait impuissante
et la guerre sans visée de paix est accusée.
Ils mettent ensemble la guerre et la paix
et font que la paix soit guerrière
ou que la guerre soit pacifiée.
Si bien que la paix n'est jamais assurée
et que les hommes n'ont jamais manqué
de raisons pour justifier la guerre.
Mais la paix n'est pas l'absence de guerre
et il n'est de paix plus terrifiante
que celle qui règne dans le désert des dictatures.
Le jour s'étira encore et savourait
la libre puissance du jour qui crée sans détruire.

P.M.P.