Semaine n°26 du 26 juin au 2 juillet 2006
"les battements du temps"




Analyser. Le jour s'étendit
sur le divan du temps
et se disposa à l'analyse.
L'idée se taisait
et laissa la lyse de la langue
faire son travail.
Le jour raconta son rêve de nuit.
Le rêve de l'impossible vie de Sainte Christine
qui, toute dans la jouissance de sa foi,
survécut à toutes ses morts.
Il voyait son père et les juges lui racler les chairs,
disloquer ses membres,
couper sa langue et ses seins
d'où coulait du lait au lieu du sang.
Mais rien n'y faisait.
A ce récit, le jour se prit à bégayer
et la chaîne des jours se délia.
Le temps se mit à battre et s'ébranla
dans le va-et-vient d'un moment à l'autre.
Dans la coupe du temps qui bat,
répétition du "fort-da",
éternel retour toujours différent
de la suite des jours qui se survivent,
éclate la joie de l'affirmation
avec l'"écartement de l'avoir-lieu
et le jeu de l'entre-lieux" (J.L. Nancy).
Il y a rapport sexuel.
Le jour analysé et délié donne sexe au temps
qui prolifère indéfiniment
avec les rapports et le remuement
de la différence toujours différante
de nos moments de joie,
dans les plis des jours
au milieu desquels nous survivons.

P.M.P.