Semaine n°23 du 5 au 11 juin 2006
"le regard captif "




Entoiler. Le jour est la toile de l'idée.
Non comme écran de projection,
indifférence blanche écrasée de jets,
de projets et de prétentions
mais comme piège à sensations
où se maillent des forces
dans les tracés filés des lignes,
dans les sons et les tons des phrasés,
dans tout ce qui graine la page du jour.
Le spectre qui hante la toile
est le visage de l'image
qui vient et revient du lointain
et qui ne peut que décevoir
le regard des voyeurs ne jouissant
que du spectacle d'images saturées,
du vu sans invu ni distance,
immersion dans la bêtise épuisée de réel.
Tout est consommé.
La toile du jour, elle, résiste
aux informations précipitées
et aux significations attendues.
Ses sens s'égrènent
dans le grain de sa voix,
la touche de ses taches,
le brouillon de ses formes.
Ainsi, la toile du jour
continue de faire sensation
dans ces images incarnées
qu'aucun regard ne peut incorporer.

P.M.P.