Désoccuper. L'idée ne cueille pas les jours,
elle éclôt avec eux,
elle ne capture pas les occurrences,
elle émerge avec elles,
elle ne fixe rien, elle ne relie rien,
elle n'occupe aucune position,
elle continue de venir, elle dessine,
elle trace ses traits infinis
entre l'oeil et les choses,
la pensée et le dehors,
le corps et les pores de la terre,
elle étend ses pigments non pour couvrir
la toile terraquée du monde
mais pour la plier, plisser, lisser, étoiler.
Elle peint les tableaux de nos pensées
dans les intervalles où fourmillent
ses traits d'esprit.
Elle joue rubato les ritournelles
de nos savants récits.
Elle se laisse aller et naît au jour
qui ne fait jour qu'à laisser venir
le présent, don de mondes.
C'est d'ailleurs que la tête a ses idées
quand elle sait désoccuper sa pensée.
C'est d'ailleurs que vient l'image
qui fait écho
quand le peintre détendu
nous tourne le dos
et part dans son ombre
en laissant ses préoccupations.
L'idée vide nos jours trop occupés.
P.M.P.
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