Semaine n°03 du 16 au 22 janvier 2006
"au lieu de la mêlée "




Odorer. L'idée est le nez du jour.
Pour qu'elle en ait,
il faut savoir odorer,
non pas flairer les relents d'empyreume
des bruits qui courent
mais fleurer les pensées écloses,
sentir le fumet de la forgerie
où se forment les phrases
et laisser s'exhaler le bouquet
des vérités fragmentées rassemblées
dans la gerbe nouée du parfum des mots.
Le nez est la lettre du visage,
il le signe dans son zigzague,
il va et vient dans son avancée brisée.
Hegel le préfère droit
prolongeant le "front contemplatif"
sans atteindre la bouche animale
qui mastique.
Laissons-le où il est, non pas
à mi-lieu entre l'homme et l'animal,
mais au milieu du visage
qui nous fait humain.
Il est au lieu de la mêlée.
Exposé à la pointe du corps,
il protège la trouée
où vont et viennent les dehors,
celui extérieur où flottent les odeurs
des mondes qui inspirent nos pensées
et celui intime où les senteurs et sentir
s'odorent et se sentent
dans le plaisir d'écrire et de lire
ces idées que le dehors habite.
Le nez de l'idée laisse respirer nos jours.

P.M.P.