Machiner. L'idée machine les jours
qui tournent court
quand il piétinent et s'épuisent à
répéter leur mécanique hébétée.
La ruse de l'idée piège les forces,
les renverse, les inverse, les détourne
et surprend avec ses machinations;
elle jette dans nos pensées closes
ses incongruents grains de sable
qui font hoqueter nos terrifiantes
mécaniques totalitaires.
Elle met à nu et divorce
même les machines célibataires.
L'idée machine les concepts qui,
perdant le bon sens du théâtre de la pensée,
relance l'étonnement philosophique
avec la chorégraphie magique des concepts
qui crient et forcent à penser.
La musique de l'idée machine les sons
dans sa fabrique du temps
et donne le ton du jour
par quoi chaque page devient
un territoire qui brise
la rengaine des jours
et ouvre un nouveau monde
que le chant de la terre habite.
L'idée machine les couleurs,
les points et lignes sur plan,
chine les champs délicieux
où poussent les plantes, les hommes,
le savon, les mots, les chaises et les choses
que l'art magnétise à nouveau
par ses caresses et ses blocs de sensations.
Avec la machine de guerre de l'idée,
nous devenons les nomades joyeux
de nos jours...

P.M.P.