Emprunter. L'idée du jour
est l'emprunt du jour
qui donne et reçoit sans devoir.
Sans débit ni crédit
chaque jour délite, divise et sépare
pour mieux détourner toujours
ce que nous cherchons à accorder
par notre habitude de recoller,
recopier, réajuster les discours
qui courent çà et là.
Les jours n'imitent rien
et se prêtent à tout;
ils s'en vont et reviennent
dans leurs répétitions subversives.
Au milieu des mots,
les emprunts sont sans dette
parce qu'ils partagent d'être livrés
aux sens à lignes ouvertes et sans fin.
Sans propriété et sans propriétaire,
chaque jour emprunte
le pas de l'autre
qui dit autre chose
en répétant les mêmes mots.
Le jour s'écrit
dans l'échange de l'impropriété.
Ainsi vont les mots et les jours,
d'un parcours à l'autre,
pour toujours ouvrir les mots
sur autre chose
par l'accueil des lecteurs nouveaux
qui retravaillent sans fin
des textes d'orfévrerie
comme ces regardeurs qui, sans cesse,
rejouent les tableaux des peintres.
P.M.P.
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