Plagier. L'idée s'adressa à ses lecteurs:
"Le solennel silence - du jour -
ne peut être troublé des disputes humaines
sur le tien et le mien".
L'idée, sitôt dite, elle s'en alla
pour un nouvel usage et se laissa
dériver vers ici sur la page de ce jour
qui l'accueillit avec ces mots:
"L'étrange chose ! Comme d'entendre
un jeu de flûte sans qu'il y eut
un joueur de flûte.
Tu nais dans l'air des hommes
et chacun te rejoue
avec ses tours et retours, et,
comme la confiture rejoint
toujours le garde-manger,
il finit toujours par y glisser
une petite note qui n'est pas de lui
et qui trouble par le souvenir
qu'il réveille et relance."
L'idée continua d'écrire
que les chants passés des archives,
assises sur la bordure de nos jours
se rejouent dans l'ébauche
de ce qui devient et change le devenir
des airs déjà entendus par tous.
Ne peut-on pas dire alors qu'un chacun
a un titre égal de les avoirs composés ?
Les pages sont des palimpsestes
miraculeux qui dans chaque phrase plagiée
permettent d'en lire une nouvelle.
Les idées se font et se défont
dans l'impropriété de l'usage
et naissent sur les pages réenchantées
de nos chants d'adieu.
P.M.P.
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