Donner du jeu . Le temps ne coule pas
mais coupe les jours,
glisse au milieu d'eux,
leur donne du jeu
et les laisse aller
de leur marche déhanchée
avec les idées
qui les entraînent dans leur fuite
comme les statues de Dédale
que Socrate cherchait à fixer.
Tenir les idées à bout d'écriture
comme des marionnettes à bout de bras,
les actionner sur des lignes
avec la trame des fils
traduit notre vaine tentative
de fixer et de retenir
ce qui nous échappe
car les idées désertent le ciel
comme les marionnettes
ressuscitent des morts.
Elles n'étonnent et
ne détournent le cours des jours
qu'à y mettre du jeu,
et à y perdre la main,
car, dans leur habit de petite Marie,
elles laissent éclore l'autre
au creux du même
en habitant le paysage sans patrie
de l'entre-deux, entre ciel et terre,
au milieu des jours qui jouent
et s'aimantent par enthousiasme.
P.M.P.
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