Traverser. Le vent du jour
traverse l'idée qui s'ajoure
et se met en chemin
en mettant tout en chemin,
poussée, soufflée, aspirée, traversée
par tout ce qu'elle traverse,
elle ne peut marcher que de travers,
obliquer, biaiser,
briser ses lignes de fuite,
et, d'un pas de crabe,
traverser la route
au péril du périr,
exposée aux aveugles pressés
qui suivent les routes déjà tracées,
oser le risque
d'un voyage sans destination
au-delà des bords,
dans le frayage
d'une trace sans retrait,
au milieu des pousses folles
que sont les mots en liberté;
l'idée lente, terre-à-terre,
se fait un chemin qu'elle perd
et laisse pour d'autres,
et s'en va dire
toujours autrement
qu'elle aime
la force de gravité du risque
qui remet toujours tout
sur la balance, en balance.
P.M.P.
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