S'évader. Ici n'a pas de même, même ici,
cet ici, c'est ici qui vient
et ne cesse de venir et devenir
en s'évadant, en s'évasant,
en excavant l'espace
toujours trop plein de vide
comme cette page remplie de blancheur,
de projections et de peurs
et qui demande à être
défrichée, sarclée,
débrousaillée, essartée
pour s'ouvrir, s'espacer
et laisser passer ici
le désir qui la déchire.
Ne pas écrire sur ni pour,
ni pour soi, ni pour les autres
mais à la place de tout ce qui se tait,
de tous ceux qui restent interdits,
à la place de cette page qui s'ouvre,
à la place du chat qui dort
et habite cette idée,
à la place de ce qui disparaît,
à la place creusée de honte
de l'enfant qui meurt de faim,
à la place de tes yeux
qui accueillent ces mots,
à la place de ce lieu,
territoire où s'agence
tout ce qui a lieu ici même
et nous laisse déclore au milieu
de tout ce qui nous entoure,
même ici, aujourd'hui avec cette idée.

P.M.P.