Risquer sa peau. L'idée est la peau du jour
qui ne peut prendre corps
quand nous la couvrons,
la marquons, l'encodons.
Elle ne livre alors qu'un corps sans chair
qui ne tient plus dans sa peau
tant nous le blasons de froides rations,
l'habillons du gris des coutumes costumées,
l'essoufflons de performances métrées,
le sculptons de laborieuses musculations.
L'idée s'écrit et se lit à fleur de peau,
là où le corps se troue, incorpore,
se mêle de tout et se fait chair
dans le tissu des choses enchevêtrées,
dans le milieu de leur mélange,
là où la peau fait nos échanges.
Oser se placer aux avant-postes de la peau,
savoir risquer sa peau car "je suis, j'existe
en cette contingence mélangée
qui change" ( Michel Serres) et
donne naissance à ce "je" ondoyant,
divers, varié, métissé qui se laisse
défaire et refaire au vent du monde,
là où l'idée tend la peau du jour
qui se plie et se déploie et s'étend
dans un paysage arlequin,
habillé de champs rapiécés,
que traversent des lièvres,
comme l'oeil du lecteur
qui vient de parcourir cette page.
Quelle peau y aura-t-il laissé ? ..
P.M.P.
P.M.P. |