Semaine n°17 du 23 au 29 avril 2007
"motus et bouche cousue "




Coudre. Sur le marché des peurs,
il se trouvait de nombreuses idées
qui voulaient rassurer et rassembler
la multitude des jours
qu'elles disaient égarés et désorientés.
Mais chaque jour singulier
se gardait bien de se laisser enduire
par la glaçure glacée
des identités et des propriétés.
Elles ne voulaient pas de ces idées sucrées
qui font l'obésité des pouvoirs.
Comme le sale, fait de mélanges,
traversé par les flux des mondes,
le jour n'a pas de problème
de propreté ni de propriétés.
Il reste libre et indéterminé
se mêlant de choses et d'autres.
Il se jette avec l'idée
dans la mer des mots
sale de sa salure
qui ronge les discours
et les rend indigestes
à ceux qui ne boivent
que le sang de l'eau pure.
Personne ne peut souder l'idée et le jour
qui nous jouent le tour
de ne jamais se rejoindre,
même dans les mots
avec lesquels nous croyons
coudre les lèvres impudiques
de cette sale bouche du jour
qui l'ouvre toujours.

P.M.P.