Disparaître. L'idée se fit phasme
et se posa sur la page du jour
qu'elle se mit à dévorer.
A mesure qu'elle mangeait
le jour la pénétrait
et elle s'ajoura tant qu'elle disparut
confondue avec son fond blanc.
L'idée devenait la page qu'elle avalait
et qu'elle habitait en même temps
comme une lumière qui s'éclaire
et une ouverture qui s'ouvre.
Elle ne se cachait pas
mais plus personne ne la voyait.
" Où est passée l'idée ?"
s'écrièrent les mots
qui, s'étant attardés en route,
couraient partout,
égarés sur la page blanche
que des dents invisibles rognaient.
Les mots avaient perdus les idées
et tombaient dans les trous
que le phasme, ce bâton du diable,
sans queue ni tête, creusait.
Tout allait disparaître.
Il y eut un grand silence.
Un silence de jour suspendu.
En ce jour, l'idée, pleine de sa page blanche,
accoucha d'une nouvelle page.
Page neuve qui empêchait les mots
d'emprisonner les idées.
Car l'idée, toujours naissante
et apparaissante, se dissimule
dans l'ouverture de son apparaître,
comme ici, avec ces mots,
qui respirent à nouveau.

P.M.P.