Plastiquer. L'idée perdait la tête
au milieu de ses vies.
Elle se façonnait et se formait
ses visages et ses paysages,
son corps et ses territoires
avec la terre de ses jours
et la lumière de ses soirs,
et, en même temps, elle les effaçait
ou les cassait en morceaux
comme on brise un miroir.
Son travail plastique sculptait
ses façons et ses formes
et, simultanément, explosait, déflagrait
ses styles et ses figures.
Sa vie multiple changeait de différences
sous la rumeur aléatoire
des bruits occurrents
qui traversent les forêts qu'elle habitait.
Elle s'y frayait son chemin de partage
en articulant sa puissance
à recevoir et à donner des formes
avec sa capacité à les plastiquer,
les détruire, les disloquer.
La vie va ainsi dans l'espacement de soi,
dans l'entre de l'entre-deux
qu'ouvre le trait brisé
qui sarcle nos trajets et nos lignes de fuite,
entre l'oeuvre d'art plastique
de nos existences aimées
et le plastiquage de nos figures habituées.
Ainsi va la vie, en boîtant.
Ainsi l'idée se lit, en hésitant,
à l'aveuglette dans le partage des sens,
dans leur métamorphose.
P.M.P.
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