Semaine n°11 du 13 au 19 mars 2006
"le crime de la vérité"




Briser. L'idée est le crime qui arrive au jour
et brise son cours.
Alors chacun y va de son idée.
Ben, qui a les siennes, dira que
" n'importe qui peut avoir une idée".
Braque, lui, file entre les barreaux des heures: a a a aa aa aa "Je ne protège pas mes idées, je les expose."
Ingres voyant dans ses portraits
qu'il ne sait rien
dit détruire plus qu'il ne fait.
Dans ce qui reste, le peintre donne à voir
qu'il n'est de vérité que criminelle
comme tout ce qui arrive et naît.
Il n'y a que chez les morts
qu'il n'y a plus de crime.
Chez les vivants que nous sommes
si la vérité est le crime de ce qui arrive
aucune certitude ne l'arrêtera
parce que toujours elle l'excédera.
Bellmer machine les idées de G. Bataille qui écrit:
"Que signifie la vérité
en dehors de la représentation,
si nous ne voyons
ce qui excède la possibilité de voir,
ce qu'il est intolérable de voir...
si nous ne pensons
ce qui excède la possibilité de penser...
l'excès est cela même par quoi l'être est d'abord,
avant toutes choses, hors de toutes limites."

Il n'y a que le crime de la vérité
pour nous sortir de nos prisons.
Et cette idée criminelle, qui brise nos jours,
ne peut être dite qu'avec des mots minables
aussi nécessaires qu'excédants.

P.M.P.