Rire. Le désir de lire
éclate avec le rire.
Quand le rire rit, le texte s'échappe,
ne se contient plus, part en morceaux
car le rire ne se laisse réduire au dire.
Il est en excès à tout texte,
nous excède, tord, ébranle,
branle le corps entier
en saccades et hochements répétés.
Il met tout en pièces
à coups de haches, ha, ha, ha.
Qu'il écrive, peigne, mette en musique,
l'artiste que le "désir déchire"
fait le pitre, se rit et se réjouit
du plaisir peiné de réussir
chaque fois le pur éclat
d'une œuvre impossible, sans modèle,
qu'il ne cesse de modeler
avec d'infinies modulations.
Quand nous saurons lire, regarder, écouter
en riant, il n'y aura plus que de gaies lectures,
délectures de ceux que le rire redresse
après avoir mordu la tête
des serpents qu'ils avaient avalés.
Feu d'artifice du rire que Nietzsche
met dans la bouche de Zarathoustra:
"Quand tu vois l'homme,
qu'il soit dieu ou mouton, qu'importe,
mettre en pièces le dieu dans l'homme
et aussi le mouton dans l'homme,
et rire en le déchirant."
Rira bien aux éclats du jour
celui qui lira éclaté, lysé.
P.M.P. |