Naviguer. La traversée des jours se fait sur place, au lieu de l'idée. Elle navigue sans vent au jour indifférent, bat les instants avec la rame des mots et flotte ainsi sur ces petites vagues qu'elle provoque elle-même. La respiration de ses battements lève le vent qui la rythme. "Sans le rythme, vous n'auriez pas vu le soleil, chaque matin". (E. Jabès). Mais au contraire du poète, le rythme de l'idée n'étend pas l'océan fatal du jours, il ouvre le plaisir de la navigation occurrente et variante des moments, celui du soleil qui brille, celui du nuage qui le cache, celui d'une voix qui glossolalise, celui du silence, et le passage de chaque hirondelle commence un printemps nouveau.
P.M.P. |